La mare dans tous ses états
Les lavognes et mares méditerranéennes temporaires abritent de nombreuses espèces animales et végétales. Ces milieux est un point de ressource en eau pour la vie des amphibiens, des oiseaux, des insectes pollinisateurs, de la petite faune sédentaire mais aussi pour les grands mammifères. En effet, ce milieu est propice à ces espèces pour plusieurs raisons: des sources de nourriture et d’abreuvement, des lieux de repos, ou encore de reproductions.
Les lavognes (loc. pour lavagnes) gardant l’eau toute l’année, sont riches, car les végétaux aquatiques renouvellent l’oxygène et offrent des refuges et de la nourriture pour les proies et les prédateurs.
Les mares temporaires abritent une faune et une flore bien particulières liées aux caractéristiques du climat méditerranéen : alternance durant l’année, d’une phase inondée au cours de la saison hivernale avec une phase sèche, essentiellement en été. L’assèchement annuel joue donc un rôle fondamental dans le fonctionnement de ce type d’écosystème.
Les Causses Méridionaux, un territoire important pour les amphibiens!
Les Causses méridionaux abritent plus d’un tiers des espèces présentes en France (13 espèces sur 38). Les dix espèces d'amphibiens présents sur ces sites sont : le Triton palmé (Lissotriton helveticus), le Triton marbré (Triturus marmoratus), le Crapaud commun (Bufo bufo), le Crapaud calamite (Bufo calamita) le Pélodyte ponctué (Pélodytes punctatus), le Pélobate cultripéde (Pelobates cultripes), l’Alyte accoucheur (Alytes obstetricans), la Rainette méridionale (Hyla meridionalis), le Triton alpestre (Mesotritons alpestris, espèce introduite) et les Grenouilles vertes (nom donné à de nombreuses espèces regroupées sous cette appellation du fait de leurs ressemblances). On peut aussi trouver deux autres espèces, mais qui sont en limite d’aire de répartition : la Grenouille rousse (Rana temporaria) et la Salamandre tachetée (Salamandra salamandra).
La Couleuvre à collier (Natrix natrix) et la Couleuvre vipérine (Natrix maura) vivent aussi dans cet écosystème et participent à son bon fonctionnement. Il y a aussi bon nombre d’insectes dont la phase larvaire se fait dans l’eau comme les libellules, les dityques, les éphémères, …
Concernant la végétation du point d’eau, on peut trouver des Renoncules aquatiques, des herbiers de Potamogéton, des Characées, de la Marsilée, des étoiles d’eau.
Reinette méridionale
Comment expliquer cette richesse?
C'est la présence d'une mosaïque de milieux abritant une grande diversité d'espèces (milieux ouverts, zones forestiers, zones humides de lisières et ripisylves) qui favorise cette richesse. Grâce à leur situation géographique, à la croisée des climats méditerranéen, océanique et l'effet d'altitude, les Causses Méridionaux offrent des conditions de vie favorables à ces différents espèces , parfois en limite de répartition Sud (Grenouille rousse et Salamandre tachetée) et Nord ( Pélobate cultripède).
Pelobate cultripède
Et pourquoi les amphibiens sont-ils menacés?
En effet, depuis les années 1970, près de 50% des zones humides ont disparu. Parfois comblées, bétonnées ou même drainées, les services écosystémiques qu’elles procurent disparaissent alors.
Une diminution du nombre de points d’eau constitue aussi sur les causses un des principaux facteurs de déclin des amphibiens, car ils ne trouvent plus suffisamment de zones où se reproduire.
Ceci s’explique par un manque d’entretien des points d’eau entraînant la perméabilité de leur sol, la disparition de l’eau par infiltration et l’installation de la végétation sur une terre désormais asséchée.
D'autres menances sont l'alimentation artificielle en eau des mares temporaires et l'introduction des espèces exotiques envahissantes.
Comment faire pour sauvegarder les mares et leurs habitants?
Si vous envisagez de créer un point d'eau, laisser la faune locale le coloniser et n'introduisez pas d'animaux (ni amphibiens, ni poissons, ni tortues, ni écrevisses..) qui peuvent entrer en concurrence ou être des prédateurs redoutable pour les populations aquatiques ou amphibiennes locales (consommation des végétaux, prédation des larves d'amphibiens et invertébrés aquatiques). Certaines espèces peuvent aussi remuer la vase, ainsi troubler l'eau et faire disparaitre certaines végétaux et animaux.
Chez les particuliers, la question de régulation des moustiques peut en effet se poser. L'alternative locale existe pourtant : Le plus simple est de capturer quelques notonectes dans une mare voisine. C’est une sorte de punaise aquatique, qui est un super prédateur permettant de réguler naturellement les moustiques, sans détruire toute la faune de la mare.
Enfin, n'introduisez pas de plantes ornementales car certains herbiers prennent la place des végétaux locaux (Jussie, Renouées, Myriophylle du Brésil, Grand Lagarosiphon..)
N'utilisez aucun pesticide sur votre terrin (herbicide, insecticide..) : ils sont responsables de graves pollutions des milieux aquatiques et aujourd'hui interdits à moins de 5 mètres des cours d'eau (Arrêté du 12 septembre sur les Zones Non Traitées).
Encore, il faut pas remplir artificiellement les mares car la mise en eau permanente de celles-ci va causer une mortalité sur certaines espèces rares, ou bien en favoriser d’autres qui vont rentrer en compétition avec les premières. Par exemple, le maintien de l’eau va favoriser la grenouille rieuse (Pelophylax ridibundu) qui pourra rentrer en compétition avec des espèces plus rares comme le pélobate cultripède ou le triton marbré.
Il existe pour finir des gestes simples à impact important : faire attention en voiture pendant les périodes de migration (intersaisons), ne pas manipuler ni déplacer ces espèces pour ne pas propager des maladies. Ces gestes permettent aussi de respecter la Loi car tous les amphibiens de France sont protégés : leur destruction, leur mutilation, leur déplacement ainsi que celui de leurs oeufs ou des leurs larves sont interdits.
Découvrez quelques espèces et leurs caractéristiques : https://www.cpie-causses.org/web/IMG/pdf/poster_amphibiesn_cm_recto_verso_imprimeur.pdf